Qu'est-ce que le Bid et Ask?
8 juin 2025
Bid et Ask
Le Bid et Ask est un concept fondamental en trading et en finance de marché, représentant respectivement le prix d'achat et le prix de vente d'un actif financier. Ces deux indicateurs forment la base de la cotation en temps réel et déterminent les conditions dans lesquelles les investisseurs peuvent exécuter leurs ordres.
Le Bid correspond au prix le plus élevé qu'un acheteur est prêt à payer pour acquérir un titre, tandis que l’Ask (ou Offre) désigne le prix le plus bas auquel un vendeur accepte de céder son actif. La différence entre ces deux valeurs est appelée le spread Bid-Ask, un élément clé pour évaluer la liquidité d'un marché.
Dans les marchés organisés, comme les bourses de valeurs, ces prix sont constamment mis à jour en fonction de l'offre et de la demande. Les investisseurs particuliers, souvent qualifiés de market takers, doivent généralement accepter ces prix pour effectuer leurs transactions, contrairement aux market makers qui profitent du spread pour générer des profits.
Comment fonctionnent les prix Bid et Ask ?
Mécanisme de base de la cotation
Les prix Bid et Ask constituent le cœur de la cotation en temps réel sur les marchés financiers. Le Bid représente la meilleure offre d'achat disponible à un instant donné, tandis que l'Ask (ou offre) correspond au prix minimal demandé par les vendeurs. Ces deux valeurs forment ce qu'on appelle une "cotation croisée" (crossed quote), où l'acheteur le plus agressif et le vendeur le moins exigeant se rencontrent virtuellement par l'intermédiaire du carnet d'ordres.
Prenons l'exemple d'une action cotée 24,75 € / 24,80 €. Un investisseur souhaitant acheter immédiatement devra accepter de payer 24,80 €, alors qu'un vendeur pressé ne recevra que 24,75 €. La différence de 0,05 € entre ces deux prix constitue le spread, qui représente à la fois le coût de transaction implicite et un indicateur de liquidité.
Rôle des différents acteurs du marché
Les investisseurs se répartissent en deux catégories principales dans leur interaction avec le Bid et Ask. Les market makers (teneurs de marché) ont pour mission de maintenir en permanence des ordres d'achat et de vente, profitant ainsi du spread comme rémunération pour le service de liquidité qu'ils fournissent. À l'inverse, les market takers (preneurs de marché), qui représentent la majorité des investisseurs particuliers, doivent "prendre" les prix disponibles, achetant systématiquement au Ask et vendant au Bid.
Cette dynamique crée une asymétrie naturelle : alors que les institutions spécialisées capturent le spread comme source de profit, les particuliers le subissent comme un coût de transaction. Sur les marchés électroniques modernes, cette mécanique s'automatise à travers des algorithmes sophistiqués capables d'ajuster les cotations plusieurs fois par seconde en fonction des flux d'ordres.
Impact de la liquidité sur les cotations
La profondeur du marché influence directement l'écart entre Bid et Ask. Pour un actif très liquide comme une action du CAC 40, le carnet d'ordres affichera généralement plusieurs niveaux de prix avec des montants importants, permettant des spreads serrés de l'ordre du centime. À l'opposé, un titre peu échangé pourrait présenter un écart disproportionné, parfois supérieur à 1% du cours.
Cette liquidité s'évalue également à travers la "taille" affichée de part et d'autre. Une cotation affichant 24,75 € (x5 000) / 24,80 € (x2 000) signifie qu'on trouve 5 000 titres disponibles à l'achat au prix Bid, contre seulement 2 000 à la vente au prix Ask. Cette information permet aux traders institutionnels d'estimer l'impact potentiel de leurs ordres importants.
Variations temporelles et conditions de marché
L'écart Bid-Ask n'est pas figé dans le temps. Plusieurs facteurs peuvent le faire fluctuer :
Les horaires de trading voient généralement les spreads se resserrer durant les périodes d'activité intense (comme l'ouverture des marchés américains pour les valeurs internationales) et s'élargir en dehors des heures pleines.
Les annonces économiques ou résultats d'entreprise provoquent souvent une dilatation temporaire des spreads, les teneurs de marché ajustant leurs cotations pour se prémunir contre la volatilité accrue.
Les conditions de marché extrêmes, comme lors des krachs boursiers, peuvent voir les spreads atteindre des niveaux exceptionnels lorsque la liquidité s'évapore et que les participants deviennent réticents à prendre position.
L'importance du Spread Bid-Ask
Le spread comme baromètre de liquidité
Le spread Bid-Ask représente bien plus qu'une simple différence numérique entre deux prix - il agit comme un indicateur fondamental de la santé et de la profondeur d'un marché. Dans les faits, plus l'écart entre le prix d'achat et le prix de vente est réduit, plus le titre concerné est considéré comme liquide. Cette liquidité se traduit concrètement par la capacité des investisseurs à exécuter rapidement des ordres importants sans provoquer de mouvements brutaux sur les cours.
Prenons l'exemple comparé de deux actions : une blue-chip du CAC 40 affichant un spread de 0,01% (par exemple 100,00 € / 100,01 €) et une petite capitalisation avec un spread de 0,5% (20,00 € / 20,10 €). Cette différence considérable s'explique principalement par les volumes échangés : plusieurs millions d'euros quotidiennement pour la première contre quelques milliers d'euros seulement pour la seconde. Les gestionnaires de portefeuille institutionnels surveillent en permanence ces écarts, car ils influencent directement les coûts de transaction et donc la performance finale des investissements.
Impact sur les stratégies d'investissement
La largeur du spread conditionne directement les approches de trading possibles. Sur les marchés très liquides aux spreads serrés, les stratégies de trading à haute fréquence (HFT) et d'arbitrage statistique deviennent envisageables, profitant des micro-variations de prix. À l'inverse, sur les marchés moins liquides, les investisseurs adoptent plutôt des stratégies positionnelles à plus long terme, le coût des allers-retours devenant prohibitif.
Les gestionnaires actifs calculent systématiquement le "coût de round-trip" (achat puis revente) qui correspond exactement au spread Bid-Ask. Pour un fonds réalisant des centaines de transactions quotidiennes, même un écart apparemment minime de 0,1% peut représenter plusieurs points de performance annuelle. Cette réalité explique pourquoi les grands investisseurs institutionnels privilégient systématiquement les instruments présentant les spreads les plus compétitifs.
Variations du spread selon les conditions de marché
Le comportement du spread Bid-Ask suit des schémas prévisibles en fonction des conditions de marché. En période de stabilité et de forte activité, les spreads tendent naturellement à se resserrer sous l'effet de la concurrence entre teneurs de marché. À l'opposé, plusieurs situations provoquent systématiquement leur élargissement :
Les annonces macroéconomiques majeures (décisions de banques centrales, publications d'indicateurs clés) créent instantanément une incertitude qui pousse les market makers à se protéger en élargissant leurs spreads. De même, les périodes de faible activité comme les jours fériés ou les heures creuses voient les écarts se creuser naturellement en l'absence de contreparties suffisantes.
Les crises financières constituent le cas extrême où les spreads peuvent exploser littéralement. Lors du krach de mars 2020 par exemple, certains spreads sur actions ont dépassé les 5% contre moins de 0,1% en temps normal, reflétant la panique des marchés et la raréfaction brutale de la liquidité. Ces mouvements amplifient alors mécaniquement les baisses, créant un cercle vicieux où la moindre vente provoque un impact disproportionné sur les cours.
Approches pour minimiser l'impact du spread
Les investisseurs avisés développent plusieurs techniques pour atténuer l'impact négatif des spreads sur leur performance. La plus évidente consiste simplement à privilégier les instruments présentant naturellement les spreads les plus serrés - typiquement les actions de grandes capitalisations ou les ETF très échangés.
L'optimisation des horaires de trading représente une autre piste : exécuter ses ordres pendant les fenêtres de liquidité maximale (généralement lors du chevauchement des horaires d'ouverture des principales places financières) permet souvent de bénéficier de spreads plus favorables.
L'utilisation judicieuse des types d'ordres offre également des possibilités de gestion fine. Plutôt que de passer des ordres au marché qui garantissent l'exécution mais au prix disponible (et donc au spread maximal), les ordres limites permettent de "travailler" le carnet d'ordres en proposant ses propres prix. Cette approche demande plus de patience mais peut générer des économies substantielles sur le long terme.
Qui profite réellement du Spread Bid-Ask ?
Le modèle économique des teneurs de marché
Les principaux bénéficiaires du spread Bid-Ask sont incontestablement les market makers (teneurs de marché), ces acteurs spécialisés dont le métier consiste à assurer en permanence la liquidité des marchés. Leur modèle économique repose sur un arbitrage permanent : ils achètent systématiquement au prix Bid (le plus bas) et revendent immédiatement au prix Ask (le plus élevé), empochant la différence comme rémunération pour le service de liquidité qu'ils fournissent.
Ce mécanisme apparemment simple cache en réalité une activité extrêmement sophistiquée. Les teneurs de marché modernes utilisent des algorithmes haute fréquence capables d'ajuster leurs cotations plusieurs milliers de fois par seconde, en fonction des flux d'ordres, de l'évolution des marchés connexes et de leur propre exposition au risque. Sur les marchés les plus liquides comme les actions du CAC 40 ou les devises majeures, les spreads sont devenus si serrés que les profits se mesurent en fractions de centime par transaction - ce qui nécessite des volumes colossaux pour devenir significatifs.
La face cachée des coûts pour les investisseurs particuliers
À l'inverse du modèle gagnant des professionnels, les investisseurs particuliers subissent le spread comme un coût implicite souvent sous-estimé. Chaque achat au prix Ask et chaque vente au prix Bid grèvent progressivement la performance du portefeuille. Prenons l'exemple d'un trader actif effectuant 100 allers-retours annuels sur un titre avec un spread de 0,1% : il perd mécaniquement 10% de sa mise initiale rien qu'en coûts de spread, sans compter les commissions.
Cette réalité explique pourquoi les stratégies de trading à court terme deviennent rarement rentables pour les particuliers. Alors qu'un gestionnaire professionnel bénéficie souvent de spreads préférentiels grâce à ses volumes, l'investisseur individuel doit composer avec les conditions de marché standard, où le spread agit comme une taxe invisible sur chaque transaction. Les études académiques montrent que cette asymétrie d'accès aux meilleures conditions d'exécution représente l'un des principaux handicaps des petits investisseurs face aux institutions.
L'impact différencié selon les classes d'actifs
La répartition des bénéfices du spread varie considérablement selon les types d'instruments financiers. Sur le marché des changes (Forex), où les spreads sont particulièrement serrés pour les paires majeures (souvent inférieurs à 1 pip), les courtiers compensent par des volumes astronomiques. À l'opposé, sur les marchés de produits dérivés ou d'obligations d'entreprises peu liquides, les spreads plus larges permettent aux teneurs de marché de dégager des marges substantielles par transaction.
Les ETF présentent un cas intéressant où la concurrence entre fournisseurs a conduit à une compression extrême des spreads. Les émetteurs les plus importants utilisent souvent des techniques sophistiquées de création/rachat de parts pour maintenir des spreads artificiellement serrés, transformant cette liquidité apparente en argument commercial décisif face à la concurrence.
Différence entre les marchés liquides et illiquides
La liquidité comme concept multidimensionnel
La distinction entre marchés liquides et illiquides ne se résume pas à une simple opposition binaire, mais représente plutôt un continuum où plusieurs caractéristiques s'entremêlent. Un marché véritablement liquide se reconnaît à trois attributs principaux : la capacité à exécuter rapidement des ordres importants, la possibilité de le faire sans impact excessif sur les prix, et la stabilité des spreads Bid-Ask dans le temps. À l'inverse, un marché illiquide présente des difficultés sur ces trois dimensions simultanément.
Cette différence fondamentale se manifeste concrètement dans l'expérience quotidienne des traders. Sur un marché liquide comme celui des devises majeures, un investisseur peut échanger plusieurs millions de dollars en quelques secondes avec un spread inférieur à 0,01%. À l'opposé, sur un marché illiquide comme celui des petites obligations corporate, la vente de quelques centaines de milliers d'euros peut prendre plusieurs jours et nécessiter des concessions de prix substantielles.
L'impact sur les mécanismes de pricing
La liquidité du marché influence profondément la formation des prix Bid et Ask. Dans un environnement liquide, le carnet d'ordres présente une profondeur importante avec de nombreux ordres empilés à des prix progressifs, ce qui permet aux spreads de rester serrés même pour des montants conséquents. Les market makers peuvent maintenir des cotations stables car ils savent pouvoir couvrir rapidement leurs positions.
À l'inverse, sur les marchés illiquides, l'absence d'ordres en profondeur crée une situation où chaque transaction a un impact disproportionné sur les cours. Les teneurs de marché, incapables de se couvrir facilement, élargissent considérablement leurs spreads pour se protéger contre ce risque. Il en résulte une volatilité intrinsèque plus élevée, indépendante des fondamentaux sous-jacents.
Stratégies pour optimiser ses trades avec le Bid et Ask
Maîtriser l'art du timing des ordres
L'optimisation des transactions par rapport aux spreads Bid-Ask commence par une compréhension approfondie des cycles de liquidité journaliers. Les traders expérimentés savent que les premières et dernières minutes de négociation constituent généralement les périodes les plus volatiles, avec des spreads élargis. À l'inverse, la fenêtre entre 10h et 15h (heure de Paris) offre souvent les conditions les plus stables pour les actions européennes, lorsque les flux institutionnels sont les plus actifs.
Les jours de publication de données macroéconomiques majeures nécessitent une approche particulière. Plutôt que de passer des ordres au marché juste avant une annonce importante, les professionnels placent souvent des ordres limites des deux côtés du carnet, profitant ainsi de l'élargissement temporaire des spreads qui suit généralement ces événements. Cette technique permet de capturer des prix avantageux lorsque la liquidité revient progressivement.
L'utilisation stratégique des différents types d'ordres
Le choix entre ordres au marché et ordres limites représente un levier crucial pour minimiser l'impact des spreads. Les ordres au marché garantissent l'exécution mais au prix disponible, ce qui peut s'avérer coûteux sur des titres peu liquides. À l'inverse, les ordres limites permettent de contrôler le prix d'entrée ou de sortie, mais sans certitude d'exécution.
Une approche sophistiquée consiste à utiliser des ordres iceberg (ou "montre seulement") pour les positions importantes. Ces ordres ne révèlent qu'une partie de la quantité totale au carnet d'ordres, permettant d'éviter d'effrayer le marché tout en travaillant progressivement sa position. Cette technique est particulièrement utile pour les valeurs moyennes capitalisations où la liquidité est présente mais limitée.
Analyse fine de la microstructure des marchés
Les traders institutionnels consacrent des ressources importantes à l'analyse du carnet d'ordres (order book) pour anticiper les mouvements des spreads. L'observation des quantités disponibles à chaque niveau de prix permet d'identifier les zones de support et résistance invisibles sur un simple graphique de cours.
Certains algorithmes sophistiqués analysent en temps réel la vitesse de reconstitution des ordres après exécution, un indicateur avancé de la liquidité réelle. Lorsque le carnet se reconstituit rapidement après une transaction, cela signale généralement un marché profond où les spreads resteront serrés même pour des volumes importants.
Techniques de slicing pour les gros ordres
La gestion des ordres de taille importante requiert des techniques particulières pour minimiser l'impact sur les spreads. Le slicing (découpage) consiste à diviser un gros ordre en nombreuses petites transactions étalées dans le temps. Cette approche permet de "naviguer" dans la liquidité disponible sans provoquer de mouvements brutaux du prix.
Les meilleures pratiques en matière de slicing intègrent des algorithmes qui adaptent dynamiquement la taille des tranches en fonction de la liquidité observée. Certains modèles sophistiqués varient même les intervalles entre les trades de manière aléatoire pour éviter de créer des motifs détectables par les autres participants.
Exploitation des différences entre plateformes
La fragmentation des marchés modernes offre des opportunités pour les traders avertis. Un même titre peut en effet présenter des spreads légèrement différents selon les plateformes de négociation (bourses réglementées, dark pools, systèmes multilatéraux de négociation).
Les arbitragistes surveillent ces différences pour exécuter leurs ordres là où les conditions sont les plus favorables. Cette stratégie requiert cependant une infrastructure technologique robuste et une parfaite maîtrise des latences, car ces opportunités se referment généralement en quelques millisecondes.
Gestion active des positions en fonction des spreads
Une gestion de portefeuille véritablement optimisée intègre en permanence l'évolution des spreads dans ses décisions. Certains gestionnaires ajustent dynamiquement leur exposition en fonction des conditions de liquidité, réduisant par exemple leur position sur un actif lorsque son spread dépasse un certain seuil.
Cette approche proactive permet d'éviter d'être pris au piège dans des positions illiquides lors des retournements de marché. Elle s'accompagne généralement d'un système de seuils prédéfinis et de protocoles d'intervention clairs pour maintenir la discipline dans des conditions de marché stressantes.
Intégration des coûts de spread dans les backtests
Les stratégies de trading les plus robustes intègrent explicitement les spreads historiques dans leurs processus de backtesting. Plutôt que de simplement analyser les prix médians (mid-price), les simulations les plus poussées reconstituent les conditions réelles d'exécution en tenant compte des spreads observés à chaque instant.
Cette approche rigoureuse permet d'éviter le biais classique des stratégies qui apparaissent profitables en théorie mais s'avèrent déficitaires en pratique une fois les coûts de transaction pris en compte. Elle conduit souvent à rejeter des stratégies qui seraient marginalement rentables après spread, au profit d'approches plus robustes.